Il n’a fallu que quelques heures après le verdict pour que des heurts – qui ont fait au moins 16 morts. A l’université, ils ont été particulièrement violents, les dégâts énormes.
Le syndicat (Coud et Ucad réunis), à travers le secrétaire général de la section UCAD, Mame Samba Ba, a tenu un point de presse au cours duquel il est revenu sur les dégâts notés dans le Temple du savoir.
Déjà, rien qu’au niveau de la faculté de médecine « les dégâts sont évalués, à plus de 300 millions de francs CFA », a indiqué le secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’enseignement supérieur de l’UCAD. Il s’est indigné par ailleurs de "l’irresponsabilité" de certains à vouloir mettre à genoux ce temple du savoir.
Près de 200.000 archives brûlées
Selon le chef des archives de l'UCAD, Lamine Diabaye, près de 200.000 archives courant de 1957 avant l'Indépendance à 2010 ont été touchées par les flammes. Il a fallu des brouettes, des chariots, et trois jours de travail pour sortir le tout de la vaste salle des archives, complètement noircie, raconte Abdourahmane Kounta, conservateur et archiviste à la faculté.
Ces archives sont principalement des dossiers scolaires d’étudiants (fiches d’inscription, photos, extraits de naissance, bulletins de notes etc), des mémoires, des thèses. L’ensemble permet de retracer le passage d’un étudiant, et de lui délivrer son diplôme s'il ne l'a pas encore retiré ou de l'authentifier à la demande d'un employeur par exemple.
Beaucoup d’anciens étudiants seront "lésés", explique M. Kounta, parce qu'il "sera impossible d’authentifier leurs diplômes". Des documents du personnel, enseignants, chercheurs, administratifs ont aussi été brûlés.
La thèse de plus de 600 pages de Bakary D., ancien étudiant en sociologie, fruit en 2006 de plusieurs années de travail, est presque totalement consumée. Seule la page de garde et quelques feuilles sont encore lisibles. L'AFP qui donne l'information a préservé l'anonymat des personnes à la demande du chef des archives.
La thèse de Bakary D. se trouvait jeudi, veille de la Journée mondiale des archives, parmi des archives partiellement calcinées qui jonchaient le grand hall et les alentours d'un bâtiment de la faculté, dégageant une odeur de brûlé. Quelques feuilles y voltigeaient encore sous l'effet d'un vent léger.
A côté du parterre de documents, une trentaine d’étudiants de l’École de bibliothécaires, archivistes et documentalistes s'affairent. Ils se sont portés volontaires pour reconstituer ce qui peut l’être. Il ne reste que quelques bouts de l’extrait de naissance de Lamine D., né en 1966 et ancien étudiant de la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
Le reste du document, et tous les autres qui attestent de son passage à l’université, ont été emportés par l'incendie volontaire qui a dévasté le bâtiment des archives de la faculté la semaine passée.
UCAD : Les cours vont reprendre en ligne
Le Professeur Moussa Baldé, ministre de l'Enseignement supérieur de la recherche et de l'innovation annonce pour bientôt la reprise des cours, mais en ligne, après le saccage de plusieurs établissements.
« Les universités qui ont été saccagées sont celles de Dakar et de Ziguinchor (sud). Ils vont se réunir pour voir dans quelle mesure les enseignements à distance pourront démarrer avec l'espoir que après la Tabaski, le présentiel reprenne. C'est la même chose que pour l'Université de Thiès », a dit Pr Baldé, lors de l'émission Grand Jury de la Rfm.
Il a rappelé que durant la Covid-19, les universités avaient déjà développées le système d'enseignement en ligne. Donc, c'est de dire que pour le moment les universités qui ne sont pas touchées puissent au moins reprendre les enseignements en ligne.
Après la fête de la Tabaski prévue le 29 juin, selon le ministre, les cours seront repris progressivement en présentiel à partir du mois de juillet. Moussa Baldé a soutenu que l'Université de Dakar a un gros potentiel d'enseignement en ligne.