Dans son ouvrage parcouru par L'OBS, Bourgi raconte comment le Président Wade a participé au financement de l’élection présidentielle française de 2002. A la question de Frédéric Lejeal : Lors d’un déjeuner à l’Élysée, en septembre 2001, Abdoulaye Wade confirme une aide financière pour la présidentielle de 2002, en France. Vous avez confirmé cette opération au Jdd, avant de vous rétracter.
Le livre tient sur 512 pages. Symbole de la «Françafrique», Robert Bourgi, avocat et conseiller politique franco-libanais, publie ses mémoires. Le livre sous forme d'ouvrage entretien tient sur 512 pages.
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Pour quelle raison ? Robert Bourgi répond : "Le Président Abdoulaye Wade a effectivement promis une contribution. Promesse concrétisée par la remise d’un million de dollars dans le bureau du secrétaire général de l’Élysée, en avril 2002. L’argent était contenu dans une mallette."
"Pourquoi me suis-je rétracté ?", s'interroge-t-il. "J’avais une grande estime pour Abdoulaye Wade, qui était un ami de ma famille depuis plus de cinquante ans. Après la parution de l’interview du Jdd, il m’a appelé de New York où il suivait l’Assemblée générale de l’ONU. Il a eu des mots touchants à l’endroit de mes parents et de la famille Bourgi. J’ai accédé à sa demande de me rétracter. Aujourd’hui, je maintiens qu’il a participé au financement de cette présidentielle".
Proche de tous les présidents qui comptent en Afrique noire francophone, il en a vu des valises de billets arriver à Paris, mais jamais il n’a été cité en justice dans de grandes affaires. Et dans ces valises, Robert Bourgi raconte que le contenu n’est jamais descendu en dessous d’un million de dollars.
Robert Bourgi a longtemps fréquenté Me Wade jusqu’à la veille de la Présidentielle de 2012, avec ce qu’il appelle le ‘’mandat de trop’’, quand Me Wade a déclaré sa troisième candidature. Bourgi :
"Il était sûr et certain de passer dès le premier tour. J’ai fait en sorte de faire recevoir Karim Wade par Nicolas Sarkozy, lequel, comme j’ai pu le dire, l’a mis en garde sur l’erreur fatale que cette candidature aurait sur l’image de son père. Mais il n’en démordait pas, persuadé que son père ferait un troisième tour de manège sans anicroches", révèle-t-il.
Il poursuit : "On connaît la suite. Nous nous sommes brouillés à cette période, l’année 2011. Je ne cessais de répéter à Karim que son père devait éviter le combat de trop.» Après cette rupture avec les Wade, Robert Bourgi s’est rapproché de Macky Sall, ce qui n’a pas plu à Me Wade."
"Dès l’instant où il (Macky Sall) fut en délicatesse avec le Président Wade. Il s’était retiré dans sa maison, après avoir été démis du perchoir de la présidence de l’Assemblée nationale, et il a commencé à tisser sa toile en très bonne intelligence pour emporter le pouvoir suprême en 2012."
"Lors d’un déplacement au Sénégal, je me trouvais, comme d’habitude dans une voiture de la Présidence, et suis allé lui rendre visite en haut lieu. Abdoulaye Wade m’a passé un savon mémorable le soir même", écrit Bourgi.
"De deux choses l’une : soit tu es avec moi, soit tu ne l’es pas. En conséquence, j’ai pris mes distances. Macky Sall m’avait par ailleurs été présenté par l’excellent Pascal Drouhaud, ex-responsable des relations internationales du RPR, mais aussi, il faut le savoir, ami personnel et de longue date du futur président sénégalais. Je prenais toujours un grand plaisir à échanger avec lui.".