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La mort de deux soldats sénégalais à la frontière gambienne remet au goût du jour le trafic de bois dans la région Sud au Sénégal. L’écologiste et ancien ministre de l’Environnement, Ali Haïdar est sorti de son mutisme pour dénoncer le trafic lié à l’exploitation du bois et au pillage de la forêt casamançaise.
« Il y a du bois de vène et du bois de rose qui est très prisé en Chine, parce qu'ils font des meubles de luxe avec. Des milliers de conteneurs quittent notre pays, soit plus de 5.000 conteneurs par an. », a révélé Ali Haïdar.
L'ancien ministre de poursuivre : «ces histoires d'attaque armées et de conflits entre ceux qui protègent et ceux qui pillent, ne datent pas d'aujourd’hui. Avant, ça passait par la Gambie, mais ce secteur a été fermé suite à l'enquête de la BBC qui a ouvertement montré que le groupe Bolloré transportait du bois dans ses conteneurs ».
L’actuel Directeur général de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte révèle que les trafiquants ont trouvé une autre astuce pour faire sortir le bois de vène de la Casamance vers la Chine, en passant par le corridor Dakar-Bamako.
«Comme la marchandise malienne passe par le Sénégal, ce sont des milliers de conteneurs qui quittent et qui reviennent vide. Quand les trafiquants ont compris cela, ils se sont déplacés vers Kédougou (sud-est du Sénégal) pour traverser le fleuve Sénégal. Et ces bois sont transportés par les conteneurs qui rentraient de Bamako», a déballé Haidar, appelant les douaniers sénégalais à la «vigilance pour sauver et protéger les forêts».
En dix ans, le trafic illicite de bois a procuré aux auteurs de pillage, 140 milliards de francs CFA. Haïdar avait dénoncé la perte de plus de 10.000 hectares de forêts de la Casamance naturelle sur une surface évaluée à 40.000 hectares. Il dénonce ainsi un vaste trafic de bois orchestré par des Gambiens qui exportent le produit vers la Chine.