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Bougane en garde à vue : les coulisses de son audition secrète

 Bougane Guèye Dany a répondu, hier mercredi, à la convocation des enquêteurs de la Division spéciale de la Cybersécurité (Dsc), qui lui ont signifié sa garde à vue pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles, notamment.
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Bougane Guèye Dany a été convoqué pour avoir émis des doutes sur les chiffres avancés par le Premier ministre Ousmane Sonko lors de sa conférence de presse pour démontrer les détournements faits par l’ancien régime de Macky Sall.

Lors de son audition par les enquêteurs de la Division spéciale de la Cybersécurité (Dsc), Bougane a commencé l’interrogatoire en demandant au Commissaire Faye de la DSC l’objet de la convocation.

Quand on lui a notifié qu’il lui est reproché les infractions de diffamation et d’injures publiques, le président de «Gueum Sa Bopp - Les Jambars» a voulu savoir qui a porté plainte contre lui, puisque ces infractions nécessitent une plainte pour déclencher une procédure, a révélé L'OBS.

Mais même si personne n’a déposé de plainte contre lui, selon les informations de L'OBS. Les enquêteurs de la Dsc lui ont signifié qu’il avait tenu des propos diffamatoires à l’encontre du ministre des Finances Cheikh Diba, du ministre-Secrétaire général du Gouvernement Ahmadou Al Amine Lo et du Premier ministre Ousmane Sonko.

  • "Qui a porté plainte contre moi"

Des accusations réfutées par Bougane Guèye. Mais les hommes du Commissaire Pape Mamadou Djidiack Faye lui signifient que, lors de son «Open Press» au cours de laquelle il a démenti les chiffres avancés par le Premier ministre, il avait dit que si Ousmane a raison sur les chiffres, alors les deux ministres précités sont des faussaires.

Mais Bougane Guèye leur a rappelé que, si c’est le cas, c’est Ousmane Sonko qui les accuse de faussaires. Parce que pendant la période incriminée par Ousmane Sonko, Cheikh Diba a été Directeur de la programmation budgétaire. C’est en cette qualité qu’il a transmis les chiffres aux partenaires du Sénégal.

Il ajoute que si Ousmane Sonko affirme que ces chiffres sont faux, cela revient à remettre en cause Cheikh Diba. Quant à Ahmadou Al Amine Lo, il était ancien Directeur national de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao). I

Il explique aux policiers que tous les prêts accordés à l’État transitent par les comptes ouverts dans les Livres de la Bceao et que tout transfert de fonds vers le Trésor public obéit à des normes.

Là encore, si le Premier ministre dit que ces données sont falsifiées, alors cela signifie que notre République est en danger. Mieux, il a signifié aux policiers qu’il n’existe aucun document qui prouve que ce que Ousmane Sonko a dit est vrai.

Pis encore, la Cour des Comptes a validé d’autres documents qui contredisent carrément les déclarations du Premier ministre. Et il a nié avoir injurié qui que ce soit. Ainsi, toutes les questions ont tourné autour de ces deux infractions, jusqu’au soir.

Alors les policiers-enquêteurs lui demandent s’il n’avait pas l’intention de calomnier ces trois personnalités simplement. Selon des sources de L’Observateur, Bougane a aussi balayé ces accusations. Ils lui précisent s’il a bien traité Ousmane Sonko de menteur, selon des sources de L’Observateur.

Bougane leur aurait retourné la question en leur demandant s’ils se sont s’indignés lorsque Sonko traitait Macky Sall de menteur. Alors pour faire la part des choses, les hommes Pape Mamadou Djidiack Faye tentent de savoir s’il s’adressait au Premier ministre ou au chef de Pastef.

Le journaliste explique alors le caractère hybride de la conférence de presse en leur signifiant que c’est le président de Pastef qui s’adressait à la presse. Qu’il s’agît d’un politicien utilisant son autorité gouvernementale pour insulter tous les fonctionnaires du ministère des Finances, le Directeur de la programmation budgétaire, le Directeur de l’Ansd, les services de la Dette et le Trésor public...

Bougane Guèye renchérit que le président de Pastef est même allé jusqu’à accuser Macky Sall de menteur, raison pour laquelle il estime que c’était le président de Pastef et non le Premier ministre qui s’exprimait.

Quand les enquêteurs lui laissent entendre que ses propos pourraient être qualifiés de diffamatoires à l’égard du Premier ministre, il leur rétorque que ses déclarations visaient à rétablir la vérité après les graves accusations de Ousmane Sonko sur une supposée falsification des données économiques et budgétaires.

Il leur souffle que si les accusations du Président de Pastef sont fondées, alors tous les fonctionnaires du ministère des Finances ayant travaillé sur ces données devraient être poursuivis en Justice. Il souligne que la réputation du Sénégal vaut plus que celle des personnalités visées, car les propos de Ousmane Sonko portent atteinte à la signature et à la réputation du Sénégal.

Ce qui peut avoir de graves conséquences. Pour preuve, le patron de D-média a révélé qu’après les graves déclarations de Sonko, le Gouvernement du Sénégal a émis un emprunt obligataire sur le marché de l’Uemoa pour 30 milliards de FCfa, au taux le plus élevé de 6,5%, au lieu du taux habituel de 5%.

Bougane estime que cela montre que les déclarations de Ousmane Sonko sont très graves. Il conclut que le rapport financier sur la Dette publique 2018-2020, certifié par la Cour des Comptes, est une illustration contredisant les propos sur la falsification des données.

  • Bougane, les enquêteurs de la Dsc et les excuses publiques

Les enquêteurs enchaînent pour savoir si Bougane est disposé à présenter des excuses publiques, si les preuves montraient le contraire de ce qu’il avance. Mais le chef de D-média répond que si par extraordinaire Sonko démontre que les données économiques et budgétaires sont falsifiées, alors ce sont les fonctionnaires ayant manipulé ces données pendant des années qui devraient présenter des excuses publiques aux Sénégalais, pas lui.

Il leur explique que son intention était de rétablir la vérité sur la base d’une documentation très claire.

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