Un besoin d’amour obsessionnel et pathologique
Certaines personnes développent un besoin compulsif d’aimer, coûte que coûte. Il ne s’agit plus d’un simple désir d’amour, mais d’un amour pathologique, où la relation devient un refuge, un repère identitaire, presque vital. Les recherches montrent que ce type de comportement est souvent lié à l’impulsivité émotionnelle : on entre rapidement dans une relation, sans recul, sans évaluation réelle de la compatibilité. L’important n’est pas tant qui est l’autre mais d’être avec quelqu’un.

Mark Travers explique que ces personnes ne se sentent exister qu’à travers une relation, quitte à ignorer les signaux d’alerte ou à tolérer des comportements destructeurs. La peur de la solitude prend le dessus, au point de privilégier une relation toxique à l’absence de relation. Et même lorsqu’elles réalisent que cette relation les rend malheureuses, elles peinent à s’en détacher, prisonnières d’un schéma de dépendance affective.
Un style d’attachement insécure : anxieux ou évitant
Le lien entre nos premières relations (souvent parentales) et notre vie sentimentale adulte est bien documenté. Le style d’attachement développé dans l’enfance conditionne profondément la façon dont on entre en relation et ce que l’on considère comme “normal” dans une relation. Mark Travers insiste sur ce point : des attachements insécures créés dans l’enfance peuvent prédisposer à rechercher des relations dysfonctionnelles à l’âge adulte.

Deux types d’attachement insécure sont particulièrement concernés :
Le style d’attachement anxieux, où la personne a peur d’être abandonnée, cherche constamment des preuves d’amour, et accepte parfois l’inacceptable par crainte de la rupture ;
Le style d’attachement évitant, qui pousse à réprimer ses émotions, à garder le contrôle en toutes circonstances, au détriment de l’intimité réelle et de la vulnérabilité.
Selon une étude citée par le psychologue (publiée dans le Journal of Social and Personal Relationships), les enfants ayant grandi dans des environnements familiaux conflictuels sont plus enclins à reproduire ces schémas à l’âge adulte, même si ces relations sont sources de souffrance.
Une tendance borderline : entre idéalisation et dévaluation
Enfin, Mark Travers évoque un autre facteur de vulnérabilité : le trouble de la personnalité borderline. Ce trouble se caractérise par des relations intenses, instables et extrêmes, marquées par une alternance entre idéalisation excessive du partenaire et dévalorisation brutale.
Ce phénomène, appelé “fractionnement”, est un mécanisme de défense inconscient. Il sert à maintenir une cohérence émotionnelle dans une perception très polarisée du monde : tout est “tout blanc” ou “tout noir”, sans nuance. Cela crée des dynamiques relationnelles explosives, où l’autre est tour à tour adoré, rejeté, réclamé, puis repoussé. Et dans ce tourbillon affectif, la toxicité relationnelle s’enracine sans que l’on parvienne à y mettre fin.

Source : PasseportSanté