Plus de 3 ans après l'affaire du bébé mort le 9 octobre 2021 à la clinique de la Madeleine, le couple Saleh fait des révélations troublantes. L'affaire a été évoquée hier, lundi 14 avril 2025, en audience spéciale devant le tribunal correctionnel de Dakar. Ce couple reproche des faits d'homicide involontaire et non-assistance à personne en danger au pédiatre Hussen Joubady, au directeur de la structure sanitaire, Mahmoud Aïdi, l'infirmière, Madeleine Faye et à la nurse, Adjia Seynabou Diallo. Dans cette affaire, il faut rappeler que le 7 octobre 2021, Karima Yassine avait par césarienne donné naissance à un bébé qui ne souffrait que d’une jaunisse. C’est ainsi qu'il a été mis sous photothérapie le 8 octobre afin de réduire le taux de bilirubine. Mais, oublié pendant trop longtemps sous les rayons ultraviolets et dans ‘’l’indifférence totale des agents’’, il est mort brûlé dans la machine.
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«J'ai vu mon bébé. Il était brûlé. Il sentait le brûlé»
Outre la négligence et la non-surveillance dont il a fait état et qui sont selon lui les véritables causes de la mort de son bébé, M. Saleh, qui a sangloté durant presque tout le procès, a évoqué les conditions dans lesquelles il a appris le décès de son nourrisson. "La dernière fois que je l'ai vu, c'était le 8 octobre, moment où sa maman essayait de l'allaiter et il allait bien. En ne le voyant pas le 9 octobre dans la chambre à l'heure habituelle où on nous l'emmenait, j'ai demandé, mais on nous a caché son état. Quand j’ai demandé l'état de mon bébé, il m'a dit que rien ne va. On m'a dit qu'on a retrouvé le bébé inanimé et dans une température de 41 degrés dans la machine de photothérapie. Ils nous avaient demandé d'être forts et que tout ce qui est arrivé était de la volonté divine", a expliqué M. Saleh, repris par Les Echos.
Poursuivant, il a décrit l'horreur de la découverte du cadavre du nourrisson : "J'ai vu mon bébé. Il était brûlé. Il sentait le brûlé. il s'était brûlé sur le visage, le corps et l'abdomen. L'hôpital ne nous a pas donné d'explication sur sa mort. Mais les médecins ont rejeté la responsabilité de la clinique. Ça veut dire qu'ils n'ont aucun regret sur ce qui s'est passé. Pire, l'hôpital, sans nous aviser, a charcuté une partie du cadavre de notre bébé puis l'a envoyée dans un laboratoire de France pour des analyses. C'était pour nous accuser après. Oui! Ils ont charcuté le bébé décédé puis envoyé les prélèvements à l'étranger sans pour autant nous informer. C'est par le canal de ce laboratoire situé en France qu'on a su que notre bébé a été charcuté parce que j'ai reçu un courrier de leur part. »
Il ajoute : " Ils m'ont dit que c'est la clinique de la Madeleine qui leur avait envoyé un morceau de la peau de mon bébé pour des analyses. Mais il n'a pas été conclu à l'existence d'une maladie génétique. Le rapport a juste fait état d'une inflammation de la peau. Je n'ai pas tenu compte de ça parce que c'est une politique de la clinique pour se décharger de toute responsabilité. J'avais même écrit à la clinique pour contester cela. Son taux de jaunisse était faible. Il y avait une autre alternative pour le guérir en l'exposant au soleil mais l'hôpital a préféré les moyens financiers".
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La partie civile a aussi confié que cet incident est survenu à cause de ces machines qui étaient obsolètes et qui n'étaient pas entretenues mais aussi du fait de l'enchaînement de mauvaises actions, à savoir les séances de photothérapie de 2h. Il s'y ajoute, dit-il, qu'il n'y avait pas de monitoring, ni de surveillance physique avec toute la rigueur qu'on demande pour un nouveau-né.
Le pédiatre parle de lésions cutanées et non de brûlures
Contestant les brûlures présumées dont fait état le père du nourrisson, le pédiatre, Hussein Jubady a indiqué au tribunal qu'il avait des lésions cutanées et non des brûlures. D'après lui, cette lumière bleue contenue dans la machine de photothérapie ne brûle pas puisque qu'il n'y avait aucune chaleur. «C'est du néon», dit-il. Concernant le fragment de la peau du bébé évoqué par le père de celui-ci, M. Hussein a attesté que c'est une partie qui est tombée sur le matelas à cause de la maladie génétique dont il souffrirait. C'est ce fragment de peau qui traînait sur son berceau, dit-il, qu'ils ont pris et envoyé au laboratoire français.
Le gynécologue : «Il avait des lésions cutanées mais ce n'était pas un bébé cramé»
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Le gynécologue et directeur de la clinique, Mahmoud Aïdibé, a quant à lui précisé que le tissu dont on parle et qui couvrait la machine dans laquelle se trouvait le bébé est une tente de photothérapie pour éviter la propension de la lumière autour des autres bébés. Pour ce qui est du "bébé brûlé", le gynécologue dit : "je n'ai jamais senti l'odeur de bébé calciné. Il avait des lésions cutanées mais ce n'était pas un bébé cramé. Cet enfant est mort d'une maladie génétique dont souffrait les parents et non par asphyxie. Sa peau n'était pas cramée mais elle se décollait. C'est l'épiderme qui s'est décollée".