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Pourquoi juifs et chrétiens célèbrent-ils Pâques le même jour cette année ?

Exceptionnellement, en 2025, les calendriers catholiques, protestants, orthodoxes et juifs fixent Pâques au même jour.

Quel meilleur symbole que celui de cette Pâques 2025, alors que le monde s'embrase de toutes parts ! Car, cette année, événement exceptionnel, les juifs et l'ensemble des chrétiens célèbrent ensemble cette fête. Une leçon de fraternité sur une planète qui paraît, à bien des égards, chaotique. Coïncidence, ou signe ? Car Pâques, rappelle l'historien des religions et théologien orthodoxe Jean-François Colosimo, est « une fête mobile, calculée à partir du calendrier lunaire juif et du calendrier solaire romain ».

Pessah est fixée selon le calendrier hébraïque, à la pleine lune du mois de Nissan (le quinzième jour). La fête chrétienne de Pâques a été originellement fixée en lien avec Pessah, puisque, selon les Évangiles, Jésus est crucifié à l'approche de cette fête juive. Mais les autorités religieuses chrétiennes en ont décidé autrement. "Depuis le concile de Nicée [dont on célèbre le mille sept centième anniversaire cette année], souligne le théologien catholique dominicain Olivier-Thomas Venard, de l'École biblique de Jérusalem, la Pâques chrétienne est célébrée le dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe de printemps [fixé au 21 mars] : le calcul demeure bien astronomique, mais il est basé sur un calendrier solaire." Cette année, précise Olivier-Thomas Venard, « les astres s'alignent, si l'on peut dire : la pleine lune tombe juste au bon moment, et les deux fêtes se rejoignent ».

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Les astres réconcilient Orient et Occident

Plus étonnant encore, les fidèles des trois grandes confessions chrétiennes – catholiques, protestants et orthodoxes – fêtent Pâques le même jour, le 20 avril. « C'est presque un petit miracle œcuménique en soi ! » s'exclame le frère Olivier-Thomas. Car les orthodoxes utilisent le calendrier julien, qui remonte à l'Empire romain et qui est inexact astronomiquement, ayant au fil des siècles accumulé un retard de 13 jours, quand catholiques et protestants sont fixés sur le calendrier grégorien, fixé au XVIe siècle par le pape Grégoire XIII, d'où son nom. Cette année, donc, les astres réconcilient Orient et Occident. À méditer pour Trump, Vance et Poutine qui essaient chacun d'instrumentaliser la religion, catholicisme et protestantisme côté américain, orthodoxie côté russe, afin d'assouvir leurs ambitions néo-impériales…

Le pape François et son homologue orthodoxe, le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople, que le chef catholique qualifie de « frère », travaillent depuis longtemps à l'harmonisation des dates chrétiennes. Son bras droit, le métropolite Emmanuel, nous confiait récemment, lors d'une de ses rares interviews, que le pape, à l'occasion des 1 700 ans du concile de Nicée qui seront célébrés à Istanbul en mai, donnait des signes pour mettre fin à cette « anomalie qui nuit au sentiment et au témoignage chrétien », selon la formule du responsable orthodoxe.

Pâques, le triomphe de la vie sur la mort

Pourquoi, en effet, continuer à célébrer cette fête, joyeuse pour tous les croyants, chacun de son côté ? Que l'on soit juif ou chrétien, il s'agit de commémorer le triomphe de la vie sur la mort. Pendant la semaine de Pessah, les juifs marquent le souvenir de la fuite d'Égypte qui a permis à leurs aïeux d'échapper à la mort promise. « Littéralement, ce mot signifie “passer par-dessus”, précise la femme rabbin Pauline Bebe. Il rappelle le passage de l'ange de la mort au-dessus des maisons où se réfugièrent les Hébreux pour se cacher de l'oppression de Pharaon. Au cours de cette Pâque juive, nous nous réjouissons que nos aïeux aient pu sortir d'Égypte, sans que nous n'oubliions les morts de toutes parts. »

D'un point de vue spirituel, il y a une continuité entre toutes ces fêtes. « D'une Pâque à l'autre, ce récit de l'émancipation dans le judaïsme est interprété dans le christianisme comme une préfiguration de la résurrection », souligne l'orthodoxe Jean-François Colosimo. Pauline Bebe résume d'une formule percutante ce qui est à l'œuvre dans ces jours : « Nous prions pour que chacun puisse saluer la différence de l'autre et son humanité. » Des prières fraternelles dont le monde a tant besoin aujourd'hui.

Source : Le Point

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