Alors que le taux de croissance moyen du continent africain pour 2024 s’aligne sur la moyenne mondiale, les prévisions pour 2025 indiquent une progression supérieure de 0,9 point de pourcentage, positionnant ainsi l’Afrique comme la deuxième région connaissant la plus forte expansion économique, juste après l’Asie.Par ailleurs, il est anticipé qu’en 2025, douze des vingt économies affichant les taux de croissance les plus élevés à l’échelle mondiale seront africaines, rapporte Sud Quotidien.
Ces écarts de performance économique traduisent l’hétérogénéité des politiques nationales mises en place pour faire face aux chocs tant mondiaux que locaux. De manière générale, les stratégies axées sur l’amélioration de la productivité, la qualité et la compétitivité des secteurs productifs nationaux — notamment l’agriculture et l’industrie manufacturière — ainsi que les investissements stratégiques dans les infrastructures publiques, contribuent à accélérer la transformation structurelle et à générer des dividendes de croissance dans plusieurs régions du continent.
PRESSIONS INFLATIONNISTES ET TENSIONS BUDGÉTAIRES
L’inflation persistante en Afrique a considérablement érodé les bénéfices marginaux de la croissance économique. En 2024, le taux d’inflation moyen s’est établi à 18,6 %, un niveau largement supérieur aux objectifs à moyen terme de nombreux pays. Cette tendance haussière résulte principalement d’une accumulation de pressions inflationnistes dans seize nations africaines, parmi lesquelles figurent l’Égypte et le Nigeria, deux des plus grandes économies du continent. Néanmoins, le nombre de pays africains affichant une inflation à deux chiffres a diminué, passant de dix-neuf en 2022 à quinze en 2024, sous l’effet de politiques monétaires plus restrictives.
L’inflation moyenne devrait connaître un repli pour atteindre 2,6 % entre 2025 et 2026, une baisse attribuée à la poursuite de politiques monétaires rigoureuses dans de nombreux pays. Toutefois, cette dynamique s’accompagne d’une détérioration des équilibres budgétaires, les incertitudes pesant sur les perspectives de redressement à court terme.Selon les estimations, le déficit budgétaire moyen du continent s’est légèrement creusé, passant de 4,4 % du PIB en 2023 à 4,6 % en 2024, principalement en raison d’une augmentation du déficit primaire de 1,6 % à 2,1 % du PIB.
Ce relâchement budgétaire reflète une atténuation des efforts d’assainissement des finances publiques, bien que certaines nations comme le Ghana, la Zambie et l’Éthiopie aient mis en œuvre des mesures d’austérité dans le cadre de la restructuration de leur dette.Le déficit budgétaire moyen de l’Afrique devrait néanmoins se contracter pour atteindre 4,1 % du PIB en 2025-2026. Il demeurerait toutefois supérieur au seuil de 3 % du PIB fixé comme objectif de convergence macroéconomique.
UNE STABILISATION DES RATIOS D’ENDETTEMENT SOUS CONTRAINTE DE RISQUES PERSISTANTS
Si les ratios de la dette publique tendent à se stabiliser, ils restent néanmoins supérieurs aux niveaux antérieurs à la pandémie de COVID-19 et demeurent exposés à d’importants risques macroéconomiques. L’assouplissement progressif des conditions financières mondiales, qui ont été particulièrement tendues en 2022-2023, contribue à alléger quelque peu le fardeau de la dette publique africaine. Selon les estimations, le ratio médian de la dette par rapport au PIB est passé de 63,5 % en 2021-2023 à environ 60 % en 2024, et devrait encore reculer à 59,2 % en 2025.
Cependant, les vulnérabilités demeurent élevées en raison du renchérissement des coûts du service de la dette, conséquence de taux d’intérêt mondiaux élevés et de l’appréciation du dollar américain. En septembre 2024, neuf pays africains étaient en situation de surendettement, tandis que onze autres présentaient un risque élevé de basculer dans cette situation, représentant ainsi 30,5 % de la population du continent.
Cette conjoncture pourrait avoir des implications à long terme sur la croissance et le bien-être social, notamment si une part croissante des ressources publiques venait à être consacrée au remboursement de la dette, au détriment de l’investissement dans le développement du capital humain.