La mortalité des jumeaux est très supérieure à celle des enfants nés lors d’accouchements simples. Mais les bébés ne sont pas les seuls en danger. Car selon une récente étude parue le 3 février dans la revue European Heart Journal, avoir des jumeaux augmenterait de manière significative le risque d'hospitalisations dues à des complications cardiovasculaires pendant l'année suivant l'accouchement.
« Des études antérieures n’ont montré aucun risque accru à long terme de maladie cardiovasculaire lors du suivi des personnes ayant eu une grossesse gémellaire. Cependant, cela est contraire à ce que nous observons cliniquement », explique le Pr Cande Ananth du département d'obstétrique, de gynécologie et des sciences de la reproduction de la faculté de médecine Rutgers Robert Wood Johnson, dans le New Jersey, aux États-Unis.

Pour y avoir plus clair, ses équipes ont analysé les données de 36 millions d'accouchements aux États-Unis entre 2010 et 2020. La conclusion fait froid dans le dos : le taux d'hospitalisation pour maladies cardiovasculaires est largement plus important chez les mères de jumeaux que chez celles d'enfants uniques : 1 105 cas pour 100 000 accouchements contre 734 cas pour 100 000. Pour celles ayant contracté une hypertension artérielle gravidique, le risque était carrément multiplié par 8.
Les risques semblent diminuer après la première annéePourquoi cela ? « Le cœur maternel travaille plus dur pour les grossesses gémellaires que pour les grossesses simples », avancent les chercheurs. « Il faut des semaines pour que ce cœur revienne à son état d'avant la grossesse. » Car fort heureusement, les risques semblent diminuer la première année écoulée.

« Les personnes ayant eu une grossesse gémellaire doivent donc être conscientes de l’augmentation à court terme des complications des maladies cardiovasculaires au cours de la première année après la naissance, même si leur grossesse n’a pas été compliquée par des problèmes d’hypertension artérielle, comme la prééclampsie », développent-ils.
Et de conclure : « Ces résultats plaident en faveur de la nécessité de conseils préconceptionnels appropriés pour les femmes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire et suivant un traitement contre l’infertilité, qui augmentent les risques de grossesse multifœtale, et d’une surveillance post-partum accrue en cas de grossesse gémellaire ».
Quid des maladies cardiovasculaires ?
Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès dans le monde. Elles constituent un ensemble de troubles affectant le cœur et les vaisseaux sanguins. Cela comprend les cardiopathies ischémiques (touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent le muscle cardiaque) ; les maladies cérébrovasculaires (touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau) ; les artériopathies périphériques (touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent les bras et les jambes) ; les cardiopathies rhumatismales (affectant le muscle et les valves cardiaques et résultant d’un rhumatisme articulaire aigu, causé par une bactérie streptocoque) ; les malformations cardiaques congénitales (des malformations déjà présentes à la naissance qui affectent le développement et le fonctionnement normaux de la structure du cœur) ; et enfin les thromboses veineuses profondes et les embolies pulmonaires (obstruction des veines des jambes par un caillot sanguin, susceptible de se libérer et de migrer vers le cœur ou les poumons).

Les principaux facteurs de risque comportementaux sont une mauvaise alimentation, la sédentarité, la surconsommation de tabac ou d’alcool. Ces derniers peuvent se manifester par de l’hypertension artérielle, de l’hyperglycémie, de l’hyperlipidémie, du surpoids et de l’obésité. Au niveau environnemental, la pollution de l’air augmente également grandement les risques.
Source : TOP SANTE