2,3 millions le nombre de nouveaux cas de cancer du sein
Le cancer du sein n’épargne aucun pays au monde. Dans 157 pays sur 185, il était la première cause de cancer chez les femmes en 2022, selon l’OMS. Cette année-là, on estimait à 2,3 millions le nombre de nouveaux cas de cancer du sein et à 670 000 le nombre de décès qui lui étaient liés.
Chaque minute, quatre femmes sont diagnostiquées avec un cancer du sein
« Chaque minute, quatre femmes sont diagnostiquées avec un cancer du sein dans le monde et une femme meurt de cette maladie, et ces statistiques s’aggravent », alerte dans un communiqué le Dr Joanne Kim, chercheuse au CIRC et l’un des auteurs d’un rapport publié le 24 février dans la revue Nature Medicine. « Si les taux actuels se maintiennent, d’ici 2050 il y aura 3,2 millions de nouveaux cas de cancer du sein et 1,1 million de décès liés chaque année », s’inquiètent les chercheurs. Soit une hausse respective de 38% et de 68%. Et la France est particulièrement concernée…
Chez nous, le cancer du sein est le type de tumeur le plus courant chez la femme. Plus de 60 000 de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et il s’agit de la première cause de décès prématuré parmi cette population. Si le taux de mortalité diminue depuis les années 90, l’incidence, elle augmente. A tel point qu’aujourd’hui, en France « le risque au cours de la vie d’être diagnostiqué avec un cancer du sein est de 1 sur 9. Contre 1 sur 10 en Amérique du Nord », peut-on lire dans le rapport. La probabilité d’en mourir est d’1 sur 59.
Comment expliquer ce phénomène ? « Cela ne peut pas être dû à un surdépistage », explique le Dr Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer, au journal Sud-Ouest. « Certains pays, au nord de l’Europe par exemple, dépistent plus que nous. » « Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure d’expliquer cet état de fait. Des études sont en cours. Nous pouvons tout de même émettre quelques hypothèses : les femmes françaises boivent et fument plus que les générations précédentes. Jusqu’à récemment, le taux de tabagisme était supérieur à celui des autres pays européens. Autre explication : l’épidémie d’obésité et la diminution de de l’activité physique par rapport à d’autres pays. La question des facteurs environnementaux se pose aussi. La courbe des cancers du sein et celle de l’exposition aux perturbateurs endocriniens semblent se suivre. Le recours aux traitements hormonaux de la ménopause est aussi à l’étude… ».
Une disparité régionale
Entre 2008 et 2017, l’incidence du cancer du sein a progressé de 1 à 5% par an dans la moitié des 50 pays étudiés par l’étude. Les taux de mortalité ont régressé dans 29 de ces pays, mais « seuls sept (dont la Belgique et le Danemark) ont atteint l’objectif de l’initiative mondiale de l’OMS contre le cancer du sein, à savoir réduire les taux de mortalité par cancer du sein de 2,5% par an ».
Les pays riches sont particulièrement touchés, les facteurs de risque y étant plus élevés. En effet, la population y est majoritairement plus âgée et les grossesses moins fréquentes et plus tardives. La contraception hormonale, la consommation d’alcool, le surpoids ou encore la sédentarité rentrent également en jeu. Mais si la prévalence est plus élevée dans ces pays, la mortalité, elle, est plus faible que dans les moins favorisés.
Celle-ci expose en Mélanésie (27 décès pour 100 000 femmes), en Polynésie et en Afrique de l’Ouest. « Plus le niveau de l’Indice de développement humain diminue, plus la proportion de cas de cancer du sein diagnostiqués aboutissant à un décès est élevée », expliquent les experts.
Inverser la tendance
En moyenne, dans les pays les plus riches, 17 femmes sur 100 diagnostiquées avec un cancer du sein en mourront, contre 56 sur 100 dans les pays les plus pauvres, estiment les chercheurs. « Les pays peuvent atténuer ou inverser ces tendances en adoptant des politiques de prévention primaire et en investissant dans la détection précoce et le traitement », interpelle le Dr Joanne Kim.
Au cours des prochaines décennies, il s’agira donc d’améliorer la collecte des données et de faciliter l’accès aux traitements dans les pays les moins développés afin de réduire les inégalités face au fléau qu’est le cancer du sein.
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