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AVC au Sénégal : les patients mariés sont les plus touchés (Etude)

 «L’Avc plus fréquent chez les patients mariés avec 52,9% pour l’Avc Hémorragique et 66,7% pour l’Avc Ischémique»

Les cas d’Accident vasculaire cérébral sont accueillis de plus en plus dans les structures sanitaires. Et c’est ce que vivent de nos jours les médecins neurologues sénégalais exerçant dans les structures publiques. « Cette maladie qui sévit de manière épidémique est entre nos murs, mais aussi au Sénégal. Elle s’appelle Accident vasculaire cérébral (Avc), une maladie caractérisée par la survenue brutale, comme son nom l’indique, d’une paralysie focale ou généralisée en rapport avec un problème vasculaire au niveau du cerveau. Ce problème vasculaire peut être un vaisseau obstrué donnant ce que nous appelons un Avc Ischémique ou bien une rupture d’un vaisseau équivalent à l’Avc Hémorragique», explique Pr Kamadore Touré, MD, Ph. D, ancien interne des hôpitaux, médecin neurologue et épidémiologiste à la clinique de neurosciences Ibrahima Pierre Ndiaye du Centre hospitalier national et universitaire de Fann et enseignant-chercheur à l’Ufr des Sciences de la santé de l’Université Iba Der Thiam de Thiès.

«L’Avc intéresse toutes les professions, surtout celles du secteur tertiaire avec 30,9%»

Interrogé par L'OBS, Pr Kamadore Touré souligne qu’une double particularité caractérise la maladie. «Elle est devenue très fréquente dans nos structures de santé de manière générale et au niveau des services de neurologie sénégalais. Elle touche de plus en plus les sujets jeunes sénégalais, cette force vive et active, cheville ouvrière du développement économique de notre pays. Et pourtant, nous connaissons les facteurs de risque de sa survenue dans notre pays, ses causes et comment prendre en charge les patients qui en sont atteints. Malheureusement, la mortalité est parfois élevée», se désole Pr Touré.

Pour alerter sur les dangers et la précocité de la maladie chez les sujets jeunes, Pr Kamadore Touré et Pr Moustapha Ndiaye, M. D, M. S, ancien Interne des hôpitaux, Médecin neurologue et neuro pédiatre à la Clinique de neurosciences Ibrahima Pierre Ndiaye du Centre hospitalier national et universitaire de Fann et enseignant-chercheur à la Faculté de Médecine, Pharmacie et Odontostomatologie de Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ont réalisé des travaux scientifiques portant sur les dossiers de patients hospitalisés pour Avc d’abord en 2018 puis en 2019-2020.

Il s’agit d’un travail rétrospectif allant du 1er janvier au 31 décembre à la Clinique de neurosciences Ibrahima Pierre Ndiaye de l’hôpital Fann de Dakar. Les deux neurologues ont collecté des informations/données en rapport avec les caractéristiques sociodémographiques des patients, leurs antécédents, leur mode de vie ainsi que les données cliniques pour en tirer des enseignements. L’aperçu de ce que représente ce problème de santé est terrifiant.

«L’hypertension, le taux de cholestérol, le diabète, les angines, l’anémie, le tabagisme…, les facteurs de risque»

Durant la période d’étude, le document indique la fréquence globale dans la tranche d’âge 17-50 ans est estimée entre 20 et 25,8%. L’Avc Ischémique était le plus retrouvé avec une fréquence variant entre 58,5 % et 65%. Alors que l’âge moyen des patients était de 40,7 ans (±7). La tranche d’âge 40-50 ans était la plus représentée avec des marges de 52 et 64%. Cependant, la moyenne d’âge chez les patients victimes d’AvcH était de 43,3 ans (±6,8) avec des extrêmes de 23 ans et 50 ans. Elle était de 38,7 ans (±7,8) chez ceux qui avaient présenté un tableau d’Avc Ischémique avec des extrêmes de 18 ans et 50 ans.

Sur le plan du sexe, 63 patients étaient de sexe féminin contre 60 de sexe masculin. Pour l’Avc Hémorragique, 51% des patients étaient de sexe masculin, alors que pour l’Avc Ischémique, nous avons noté 54,2% de femmes. Toutefois, l’Avc touche les 2 sexes de la population jeune entre 17 et 50 ans à la Clinique de neurosciences Ibrahima Pierre Ndiaye de Fann. Sur le plan marital, l’étude indique que l’Avc était plus fréquent chez les patients mariés avec 52,9% pour l’Avc Hémorragique et 66,7% pour l’Avc Ischémique. Les célibataires, mais aussi les veufs et veuves ne sont pas épargnés. Il intéresse toutes les professions, surtout celles du secteur tertiaire avec 30,9%.

Si la cause exacte de la maladie reste encore inconnue, il y a des facteurs de risque. «Durant les travaux réalisés, nous avons pu identifier certains dont les plus fréquents qui étaient associés à la survenue de l’Avc chez le jeune patient hospitalisé à la Clinique. Ils sont représentés principalement par l’Hypertension artérielle (augmentation de la pression artérielle dans les vaisseaux sanguins) chez 61,8% des patients, l’augmentation du taux circulant de cholestérol dans le sang appelé dyslipidémie (29%), le diabète (13,8%), les angines à répétitions (12%), les maladies rénales (6%), l’anémie 54%), les maladies cardiaques (4%), mais aussi la drépanocytose (3%), le traumatisme au niveau du cou (3%) et l’infection à VIH (3%). Le tabagisme (14,6%) et l’alcool (8,3%) étaient consommés par les jeunes patients.

Chez les femmes, la migraine associée à l’utilisation de produits pour la contraception (le planning familial) était retrouvée chez 6,5% d’entre elles. Mais parfois, certains patients présentaient plusieurs facteurs de risque. Concernant les signes cliniques, les principaux retrouvés étaient le déficit moteur chez 94,3% des patients et le trouble du langage chez 56,1%.

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