Elle partage son expérience bouleversante, marquée par la perte de 39 vies, dont celle de son mari, alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Espagne par la mer.
Ébranlée par les événements, Oulèye peine à réaliser l'horreur qu'elle a vécue. Gravement blessée, elle se remémore chaque instant avec une profonde tristesse. « Je m’appelle Oulèye Diatta, candidate à l’émigration clandestine sur la pirogue du capitaine Cheikh Sall. Ce dimanche, alors que nous traversions la mer, tout a basculé », confie-t-elle, la voix tremblante.
Elle raconte comment Cheikh Sall, son voisin, lui avait proposé cette traversée, espérant un avenir meilleur en Europe. Malgré ses moyens limités, elle avait embarqué avec son mari, qui, ayant payé son billet, portait un gilet de sauvetage. Oulèye, quant à elle, n'en avait pas.
« Après environ 5 km de navigation, le capitaine a demandé à un passager de me donner un gilet. C'est à ce moment-là que la catastrophe s'est produite. Alors que le capitaine tentait de garder son calme, une panique s'est emparée des passagers, faisant tanguer la pirogue, qui s'est finalement renversée », témoigne-t-elle, le regard perdu dans le vide.
Les moments qui ont suivi furent chaotiques. « Alors que je me débattais sous l’eau, j’ai entendu le capitaine crier mon nom. Il m'a finalement saisie et m'a remise au-dessus de la pirogue. Mais il a cherché à sauver d'autres passagers, ce qui lui a coûté cher. Beaucoup se sont accrochés désespérément, mais les vagues ont emporté presque tous les autres. »
La douleur de cette nuit tragique la hante encore. « J’ai vu des gens mourir sous mes yeux, leurs cris de détresse résonnant dans l'obscurité. Mon mari était là, flottant au loin, et malgré l'espoir qu'un ami lui apporte de l'aide, j'ai fini par le voir périr. J'ai frôlé la mort et, même après avoir été secourue, les images de ce naufrage me poursuivent. La nuit, je reste éveillée, incapable de trouver le sommeil », conclut-elle, le cœur lourd de chagrin et de souvenirs indélébiles.