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Litiges fonciers au Sénégal : chronique d’une équation à mille inconnues

Le Sénégal fait face à des défis importants en matière de gestion foncière. Les litiges fonciers sont devenus un problème récurrent qui menace la paix sociale et le développement économique du pays. Dans cette chronique, nous allons examiner les causes profondes de ces conflits, les conséquences sur les communautés locales, et les mesures possibles pour atténuer ces tensions.
fonciers au Sénégal
fonciers au Sénégal

Au Sénégal, la vague des grands accaparements fonciers portant sur des milliers d’hectares est retombée, mais les conflits fonciers n’ont pas disparu. Ils sont aujourd’hui nourris par la multiplication des opérations immobilières et de plus petits projets (agro)industriels, qui passent par des dépossessions - légales ou illégales - des populations.

Dans un contexte de concurrence entre autorités étatiques et communales pour le pouvoir d’octroyer ou de légaliser des droits fonciers, les conflits mettent en jeu un nombre limité de manipulations des modalités de changement du statut légal des terres.

Les causes des litiges fonciers

  • Problèmes de Cadastre et d'Enregistrement :

L'absence de cadastre fiable et le manque d'un système d'enregistrement foncier efficace sont des facteurs majeurs des litiges. Beaucoup de terres ne sont pas officiellement enregistrées, ce qui conduit à des revendications conflictuelles.

  • Spéculation foncière :

Avec l'urbanisation croissante et l'augmentation de la valeur des terres, la spéculation foncière est devenue courante. Des individus et des entreprises achètent des terrains à bas prix pour les revendre plus cher, souvent sans considération pour les droits des occupants actuels.

  • Transfert de propriété hérité et traditionnel :

Les terres au Sénégal sont souvent transmises de manière traditionnelle, sans documentation officielle. Cela peut créer des disputes lorsqu'il y a plusieurs héritiers ou lorsque les accords traditionnels ne sont pas reconnus légalement.

  • Projets de développement et d'accaparement de terres :

Les projets de développement, qu'ils soient publics ou privés, entraînent souvent des déplacements de populations sans compensation adéquate. L'accaparement des terres par des investisseurs étrangers est également une source de conflits, car il peut priver les communautés locales de leurs terres ancestrales.

Exemples de Litiges Fonciers au Sénégal

  • Ndingler :

En 2020, le village de Ndingler, dans la région de Thiès, a connu un conflit majeur lorsque des habitants ont été dépossédés de leurs terres agricoles au profit d'une entreprise privée, Sédima. Les habitants ont organisé des manifestations et ont intenté une action en justice pour récupérer leurs terres.

  • Keur Massar :

La localité de Keur Massar, située à la périphérie de Dakar, a également été le théâtre de litiges fonciers. Des familles ont été expropriées de leurs terres pour des projets immobiliers, entraînant des protestations et des affrontements avec les forces de l'ordre.

  • Ngnith :

Le village de Ngnith, dans la région de Saint-Louis, a connu des tensions lorsque des terres agricoles ont été attribuées à une entreprise étrangère pour la culture de la canne à sucre. Les villageois ont dénoncé l'absence de consultation et de compensation, menant à des conflits avec les autorités.

  • Mbane :

Dans la région du delta du fleuve Sénégal, à Mbane, des agriculteurs ont été confrontés à des investisseurs privés qui tentaient de s'accaparer leurs terres pour des projets agricoles à grande échelle. Les agriculteurs ont protesté, demandant la reconnaissance de leurs droits fonciers traditionnels.

  • Diass :

Le village de Diass, près de l'aéroport international Blaise Diagne, a été affecté par des expropriations de terres pour des projets d'infrastructure et de développement. Les résidents locaux ont dénoncé le manque de transparence et de compensation équitable, ce qui a conduit à des tensions sociales.

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