Côte d'Ivoire : un trafic de clitoris de femmes excisées inquiète

En Côte d'Ivoire, un trafic inquiétant de clitoris de femmes excisées émerge.

clitoris

En Côte d'Ivoire, un trafic troublant impliquant l'utilisation du clitoris de femmes excisées se développe, alimenté par des croyances mystiques. Moussa Diallo, ancien féticheur, a révélé à l'AFP qu'il a utilisé un onguent à base de poudre de clitoris d'excisées, persuadé qu'il lui conférait un "pouvoir" spécial.

"J'ai mis ça sur mon corps et mon visage pendant trois ans", confie-t-il, dans l'espoir de devenir un "grand chef". Cette pratique n'est pas isolée. Selon Labe Gneble, directeur de l’Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille (Onef), le clitoris excisé est utilisé pour concocter des filtres d'amour et pour obtenir richesse et pouvoir politique.

Sur le marché noir, le prix de cette poudre peut dépasser le salaire minimum, atteignant jusqu'à 75 000 francs CFA (114 euros). À Touba, il est communément admis que ce produit a une forte demande pour des rituels mystiques. Des investigations ont dévoilé un réseau de trafic de clitoris réduits en poudre, alimentant la lutte contre l'excision, qui reste illégale en Côte d'Ivoire depuis 1998.

Les pratiques d'excision, effectuées souvent lors de rites de passage, sont perçues par certaines familles comme nécessaires pour contrôler la sexualité des filles. Selon l'UNICEF, cette mutilation entraîne des douleurs physiques et psychologiques, ainsi que des complications sévères comme la stérilité et des infections.

Moussa Diallo, qui a assisté à de nombreuses excisions, explique que les exciseuses assèchent et réduisent en poudre le clitoris qu'elles retirent, formant un mélange "noirâtre" qu'elles peuvent vendre jusqu'à 100 000 francs CFA si la fille est vierge.

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Des témoignages d'anciennes exciseuses indiquent que certains exciseurs se faisaient passer pour les parents des filles excisées afin de récupérer l'organe pour le revendre. Le trafic est qualifié de "trafic d'organes", passible de lourdes peines selon la législation ivoirienne. Cependant, les autorités locales affirment ne jamais avoir poursuivi de cas de ce type.

Dans les régions touchées, les exciseuses, souvent perçues comme des figures sacrées, sont craintes et respectées. Malgré les interdictions, l'excision persiste, parfois dissimulée sous des célébrations culturelles. Des études récentes ont confirmé le commerce clandestin des clitoris, avec des agriculteurs rapportant utiliser la poudre pour améliorer la fertilité de leurs champs.

L'érudite en criminologie, Safie Roseline N’da, indique que certaines femmes exploitent la poudre de clitoris comme aphrodisiaque, tandis que des cultes utilisent le sang des femmes excisées dans leurs rites religieux. Ce phénomène est ancré dans une culture où les pratiques mystiques influencent tous les aspects de la vie.

Les organisations de défense des droits des femmes et de lutte contre les mutilations génitales féminines, comme la fondation Djigui, préparent des campagnes de sensibilisation pour éradiquer ce trafic. Bien que le taux de prévalence de l'excision ait baissé, une Ivoirienne sur cinq demeure concernée, et dans certaines régions du nord, le taux dépasse 50 %.

Dans son ancien rôle de féticheur, Diallo se souvient avoir assisté à jusqu'à "30 excisions en une journée", particulièrement durant les mois chauds lorsque les conditions de cicatrisation sont optimales. Actuellement, à Touba, le seul centre social de la région constate que l'excision se pratique clandestinement, souvent orchestrée par des exciseuses venues de Guinée, un pays où le taux d'excision est supérieur à 90 %.

Les efforts pour éradiquer définitivement cette pratique restent que la prise de conscience et l'éducation sont cruciales pour combattre cette survie des mutilations génitales féminines.

Les noms ont été modifié

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