Ce sombre chapitre, qui s'est déroulé en octobre 1937, a laissé une cicatrice sur l'île d'Hispaniola et continue d'influencer les relations dominico-haïtiennes jusqu'à aujourd'hui.
Les prémices d'une tragédie
Pour comprendre le massacre du Persil, il est essentiel de se plonger dans le contexte historique complexe de la République dominicaine et d'Haïti. Les deux pays se partagent l'île d'Hispaniola et leur histoire est marquée par le colonialisme, l'esclavage et les troubles politiques.
Au début du XXe siècle, la République dominicaine, dirigée par le dictateur Rafael Trujillo, entretenait des relations tendues avec son voisin, Haïti. Le régime de Trujillo avait pour politique de promouvoir l'identité dominicaine et cherchait à distinguer les Dominicains des Haïtiens. Cette politique était profondément ancrée dans des sentiments raciaux et xénophobes.
Début du massacre
Le jour fatidique du 2 octobre 1937, le massacre du Persil a commencé. L'armée dominicaine, sous les ordres de Trujillo, a lancé une campagne brutale contre les Haïtiens vivant dans la région frontalière. Des milliers d'Haïtiens et de Dominicains d'origine haïtienne ont été brutalement assassinés en l'espace de quelques jours. Le nom de « massacre du Persil » vient du fait que les personnes soupçonnées d'être haïtiennes devaient prononcer le mot espagnol "perejil" (persil) - un test linguistique qui décidait souvent de leur sort. En effet, ce mot était difficile à prononcer pour tout Haïtien, en raison de la présence de la lettre R et de la sonorité gutturale du J en espagnol dans le mot persil ou pereji.
La brutalité du massacre a choqué la « communauté internationale » et a entraîné la condamnation de plusieurs parties, y compris les États-Unis. En réponse, Trujillo a prétendu que le massacre visait à protéger la souveraineté dominicaine et qu'il ne visait que les « immigrants illégaux ». Cependant, les véritables motifs du massacre étaient enracinés dans le racisme et le désir de débarrasser la République dominicaine de l'influence haïtienne.
Héritage et réconciliation
Le massacre du Persil a laissé une marque ineffaçable dans la mémoire collective des deux nations. Les Haïtiens, les Dominicains d'origine haïtienne et les défenseurs des droits de l'homme cherchent depuis longtemps à obtenir justice pour les victimes de cette tragédie. Les efforts visant à commémorer les victimes et à promouvoir la réconciliation entre les deux nations ont pris de l'ampleur ces dernières années.
Finalement, le président américain Franklin D. Roosevelt et le président haïtien Sténio Vincent ont demandé des réparations d'un montant de 750 000 dollars, dont le gouvernement dominicain a versé 525 000 dollars (10 687 152,78 dollars américains en 2022), soit environ 30 dollars par victime. Cependant, en raison de la corruption profondément ancrée dans la bureaucratie haïtienne, les survivants n'ont reçu en moyenne que 2 cents chacun.
En 2013, la République dominicaine a pris une mesure importante en adoptant une loi visant à rendre la citoyenneté à de nombreux Dominicains d'origine haïtienne, qui avaient été rendus apatrides à la suite de politiques discriminatoires. Le Mémorial du massacre du Persil a également été érigé en 2012 près de la frontière, rappelant la nécessité de reconnaître cette période sombre de l'histoire et d'en tirer les leçons.
Le massacre du Persil est un rappel douloureux des conséquences tragiques de la haine, de la xénophobie et de la discrimination raciale. Se souvenir de ce chapitre sombre de l'histoire est essentiel pour promouvoir la réconciliation, la compréhension et la tolérance entre les deux nations, alors qu'elles poursuivent leur voyage entrelacé sur l'île d'Hispaniola.