Pays en ruines : l'état des lieux

Les ressources intérieures de l’État proviennent essentiellement des recettes ﬁscales. Mais la part des recettes intérieures sur les recettes globales est passée de 85,1% à 87,4% sur la période 2014-2021, selon un rapport des nouvelles autorités parcouru par L'OBS.

Et entre 2014 et 2022, les recettes ﬁscales ont été plus portées par l’impôt sur les biens et services, représentant, en moyenne 52,5%. L’impôt sur le revenu ne représente que 28,6% des recettes ﬁscales mobilisées, témoignant ainsi des niches ﬁscales insuﬃsamment explorées.

Fraude fiscale : Près de 161 milliards FCFA perdus chaque année

Le document indique que le Sénégal perd, chaque année, près de 161 milliards FCFA, en raison de la fraude et de l’évasion ﬁscale. En eﬀet, 97% des entreprises sont dans l’informel, ce qui occasionne une perte de recettes ﬁscales résultant des diﬃcultés rencontrées par l’administration ﬁscale à appréhender ce secteur, et de la non-maîtrise des transactions des entreprises, notamment dans le secteur du numérique et des Tic (Techniques de l’information et de la communication).

Les simulations opérées laissent apparaître qu’un taux de formalisation de 44% pourrait contribuer à améliorer le potentiel ﬁscal de 3% de PIB par rapport aux recettes recouvrées en 2021. Cette formalisation pourrait nécessiter une réduction des taux d’imposition et une simpliﬁcation des procédures administratives pour les entreprises.

Par ailleurs, le taux moyen de croissance économique de 5,3% obtenu sur la période 2014-2023, a été réalisé au prix d’un déﬁcit budgétaire chronique et d’une décélération du Pib non agricole, qui a crû en moyenne de 4,9% entre 2014 et 2023. Le déﬁcit budgétaire, dons compris, s’est établi, en moyenne, à 4,5% du Pib sur la période, avec des pics de plus de 6% de 2020 à 2022.

Un déﬁcit jugé élevé par rapport à ce qu’il aurait fallu pour stabiliser la dette et se donner des marges par rapport à la norme communautaire et des capacités de ﬁnancement de l’économie. La Snd révèle que le ﬁnancement de l’économie sénégalaise a davantage reposé sur la dette publique.

Le service de la dette est évalué à près de 47% des recettes internes, d’après la Lﬁ (Loi de ﬁnances initiale) 2023. Les intérêts de la dette publique représentent le 3^e poste, en termes de dépenses, après celui de l’Éducation nationale et des charges non réparties. La masse salariale s’est établie à 7,5% du Pib en 2023, contre 5% en 2014 et représente sur la période 22,8% en moyenne des dépenses totales et 34,7% des dépenses courantes.

La pauvreté reste également de mise, l’incidence n’ayant baissé que de 5,3% entre 2011 et 2021 (de 42,8 à 37,5%). Cette baisse de l’incidence de la pauvreté ne s’est pas traduite par la diminution du nombre de pauvres, qui a augmenté de plus de 200 000 individus. Également, les 10% les plus riches détiennent près de la moitié (48%) du revenu national.

En ﬁn 2023, le modèle de développement économique du Sénégal est en panne et, malgré les perspectives de démarrage de la production d’hydrocarbures, l’économie sénégalaise apparaît enfermée dans un cercle vicieux de fragilité et de dépendance. Se pose donc la problématique de la réinvention d’un nouveau modèle de développement qui permettrait, au Sénégal, de recouvrer de façon durable sa souveraineté économique.

D’où l’élaboration de cette Stratégie de Transformation systémique du Sénégal (ST2S Vision 2050), avec un Plan d’actions prioritaires (Pap) 2025-2029 estimé à 18 496, 83 milliards FCfa, dont la mise en œuvre va coïncider avec l’entrée du Sénégal dans le groupe des pays producteurs de pétrole et de gaz.

Au plan macro-budgétaire, le Pap de la Snd, accompagné de réformes systémiques, permettra d’accélérer la croissance économique et le progrès social et de consolider les fondamentaux macroéconomiques sains, à travers notamment un allègement du fardeau de la dette et une amélioration de la position extérieure.

Sur la période 2025-2029, le taux de croissance est attendu en moyenne à 6,5%, avec un pic de 9,7% en 2025. Au titre des ﬁnances publiques, les recettes budgétaires traditionnelles évolueront en ligne avec la richesse nationale et bénéﬁcieront d’un élargissement progressif de l’assiette.

Ainsi, les recettes ﬁscales enregistreront une hausse moyenne de 11,1% sur la période 2025-2029, portant la pression ﬁscale à une moyenne de 21,7% sur la période sous-revue. Sur le moyen terme, dans le cadre de la consolidation budgétaire en lien avec les objectifs de maîtrise de la dette publique, le déﬁcit budgétaire sera ramené à 3% du PIB dès 2025 et maintenu à ce niveau durant toute la période 2025-2029.

Sur les cinq prochaines années, le Sénégal appliquera une politique d’endettement prudente, mieux contrôlée et davantage maîtrisée.