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Se teindre les cheveux augmente-t-il le risque de cancer ?

Parce que les teintures permanentes pour les cheveux contiennent de très nombreuses substances, dont certaines soupçonnées d’être cancérigènes, certains experts, dont l’Organisation mondiale pour la santé, ont émis l’hypothèse qu’elles pourraient favoriser l’apparition de cancers chez les femmes qui les utilisent régulièrement. Diverses études scientifiques ont cherché à élucider cette question, avec des résultats parfois contradictoires.

Pourquoi soupçonne-t-on les teintures de favoriser les cancers ?

Les teintures pour cheveux dites « permanentes » (celles qui ne disparaissent pas au lavage) contiennent de très nombreuses substances chimiques (plus de 5 000 ont été recensées), dont certaines ont montré, sur des cellules en culture ou chez des rongeurs, une capacité à provoquer des mutations, voire des cancers. De plus, certaines de ces substances font partie des perturbateurs endocriniens et s’accumulent dans les cellules du sein, comme le 4-aminobiphényl-(ABP). Parmi les substances suspectées d’être cancérigènes figurent également le sulfate de 2,4-diaminoanisole et le para-phénylènediamine qui peuvent déclencher des tumeurs mammaires chez le rat.

Pour ces raisons, la question du pouvoir cancérigène des teintures capillaires a fait l’objet de nombreuses études depuis des années, avec des résultats souvent contradictoires. En effet, la réponse à cette question dépend du type de teinture utilisé, mais aussi de la couleur des cheveux de la personne (qui influence le type de produits utilisé) et de son risque individuel de cancer. Récemment, plusieurs articles scientifiques sur le sujet ont été publiés, qui ont suivi des groupes (« cohortes ») de femmes au cours de temps, en essayant de comparer le risque de cancer entre celles qui se teignaient les cheveux et les autres.

Une augmentation du nombre de cancers du sein chez les femmes à risque augmenté

En 2019, une étude menée sur un groupe de 46 709 femmes dont au moins une sœur avait développé un cancer du sein (« Sister Study », donc des femmes potentiellement à risque augmenté pour des raisons génétiques) a montré, après un suivi de 8 ans, que l’usage de teintures capillaires était associé à une augmentation du risque de cancer du sein de 7 % chez les femmes d’ascendance européenne et à une augmentation de 45 % de ce risque chez les femmes d’ascendance africaine. Chez celles-ci, l’usage de produits lissants était également associé à une augmentation du risque de cancer du sein : ces produits peuvent contenir du formaldéhyde (« formol ») qui est un produit cancérigène reconnu.

Une augmentation du risque d’un cancer particulier de la peau

Publiée en 2020, une étude a suivi 117 200 femmes pendant 36 ans (« Nurses’ Health Study », des femmes dont on ne sait rien du risque familial de cancer). Selon cette étude, l’usage de teintures n’était pas associé à un risque augmenté de cancer, sauf pour un cancer de la peau particulier, le carcinome basocellulaire, pour lequel il y avait une petite augmentation du risque (5 %, surtout chez les femmes aux cheveux clairs). Chez les femmes qui ont le plus utilisé ces teintures (risque cumulatif), une légère augmentation du risque de cancer du sein et de l’ovaire est possible selon cette étude.

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Des analyses croisées qui suggèrent une augmentation du risque

En 2018, une analyse croisée de 8 études sur le sujet (ayant enrôlé 38 000 femmes) a conclu que l’usage de teintures permanentes augmentait de 19 % le risque de cancer du sein. Mais en 2021, une autre analyse croisée de 14 études sur le sujet (ayant enrôlé 210 000 femmes) a suggéré une augmentation du risque de cancer du sein de 7 % chez les femmes qui se teignaient les cheveux. Cette dernière analyse croisée est critiquée car elle n’a trouvé aucun effet de la durée d’utilisation, de l’origine ethnique des femmes et de leur couleur de cheveux initiale sur cette augmentation du risque, alors que plusieurs études pointent sur l’importance de ces paramètres dans l’éventuelle augmentation du risque.

Un risque particulier chez les professionnels de la coiffure

Par ailleurs, chez les professionnels qui manipulent ces produits de manière régulière, il a été montré un risque accru de cancer de la vessie, avec des teintures d’ancienne génération (avant les années 1980). Cette augmentation du risque de cancer de la vessie n’a pas été retrouvée avec des teintures plus récentes et a été écarté pour les personnes qui appliquent elles-mêmes leur teinture.

Il se pourrait que les teintures capillaires augmentent légèrement le risque de cancer. Plusieurs travaux pointent vers une augmentation modeste du risque de cancer du sein. De plus, une augmentation du risque a été identifiée pour un certain type de cancer de la peau, chez les femmes blondes ou rousses. Chez les femmes d’origine africaine qui ont des antécédents familiaux de cancer du sein, l’usage de ces teintures et de produits destinés à lisser les cheveux semble augmenter de manière significative le risque de ce cancer.

Source : Santé.fr

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